21 Mars 2021
À Louise aussi de Lyon et d’Italie.
Ô vous mes nuits, ô noires attendues
Ô pays fier, ô secrets obstinés
Ô longs regards, ô foudroyantes nues
Ô vol permis outre les cieux fermés.
Ô grand désir, ô surprise épandue
Ô beau parcours de l’esprit enchanté
Ô pire mal, ô grâce descendue
Ô porte ouverte où nul n’avait passé
Je ne sais pas pourquoi je meurs et noie
Avant d’entrer à l’éternel séjour.
Je ne sais pas de qui je suis la proie.
Je ne sais pas de qui je suis l’amour.
[Ce poème de Catherine Pozzi provient du recueil Très haut amour, publié
par Gallimard, dans la collection Poésie, en 2002, page 31. Nous empruntons le commentaire fait par le blog "Terre de femmes" :
"Ce poème écrit « d’un trait » (comme le souligne Catherine Pozzi dans son Journal, éditions Phébus libretto, 2005, page 699) est le dernier texte qu’elle a composé (5 novembre 1934). Un mois avant sa mort (3 décembre 1934, à l’âge de cinquante-deux ans), six ans après sa rupture avec Paul Valéry. Ce poème est directement inspiré du sonnet II de Louise Labé : « Ô beaux yeux bruns, ô regards détournés […] Ô noires nuits vainement attendues […] ». Le caractère autobiographique du poème « Nyx » (« nuit » en grec) est pour partie attesté par la dédicace elle-même (Catherine Pozzi étant née Catherine-Marthe-Louise Pozzi). "]
BC