Poésie 21 : Jean-Louis Maunoury

Ça pond

Voici que la neige fond
le soleil s'est fait tout beau tout rond
il y a de la ponte dans l'air pour de bon !

la poule pond
le pou pond
la puce pond
le poulpe pond
la pie pond
le pipi pond
le joli pipi blond
le paon pond
le serpent pond
le python pond
le poisson pond
le papillon pond
bien sûr qu'il pond le papillon
le pompile pond
le padda pond
le pityle pond
le poète aussi pond
sans rime ni raison
tout en faisant des bonds jusqu'au plafond
le crapaud pond
même le lapin pond
j'en réponds
dans les carottes et les quignons
allez ! poute poute poute poute …
dans les airs dans les bois sous les ponts
et jusque dans les salons
ça pond par millions
de jolis œufs tout ronds

mais gare à l'explosion des éclosions !

Jean-Louis Maunoury
Bestioles et bestiaux
(møtus 1992)

Vous trouverez des informations sur l'auteur en lisant la notice Wikipédia. 
En bref, Jean-Louis Maunoury,

est professeur honoraire de l’Université. Il a pratiqué différents modes d’expression : romans et nouvelles, essais, poésie, théâtre, jeunesse, activités d’écriture. Il a également beaucoup travaillé sur les rapports entre humour et sagesse à travers différentes traditions spirituelles. Sur ce sujet, on peut l'écouter (49 minutes) dans l'émission de France Culture Les racines du ciel du 6 octobre 2013. 

Comme chez Nasr Eddin Hodja, ce poème se moque des bigots et des hypocrites. Son humour est un appel à la liberté. C'est aussi un art poétique : le poème est un don de la nature, il vient, tout simplement ; d'autres l'ont exprimé, voyez Raymond Queneau et C'est mon po. 
On y trouve la même irrévérence associée à la discipline formelle. 

Le livre Bestioles et bestiaux d'où provient le poème Ça pond ! a été publié par møtus  en 1992. 

Voyez le site des éditions.
En allant sur le site de la Communauté de communes de La Hague, vous trouverez une présentation succincte et claire de la maison d'édition, avec en exergue les vers d'Yves Bonnefoy :
     Les mots comme le ciel, 
     Infini, 
     Mais tout entier soudain dans la flaque brève. 
(Dans le leurre du seuil, Mercure de France, 1975), qui, nous dit-on, plaisent tant à François David (à la tête de møtus).

BC